Tendres Semblables

Note d'intention de Rémy Dumont, co-réalisateur

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Tendres semblables est une longue vidéo dont le scénario a été concocté au fil de l’eau et des prises de vues : autrement dit, il s’agit d’une longue improvisation elle-même construite et réalisée à partir de séquences multiples et improvisées dont la logique et le but essentiels sont de montrer d’une manière linéaire (beaucoup de plans séquences) les déambulations d’un personnage en quête et/ou en perte d’identité.

L’intention est délibérément burlesque du début jusqu’à la fin.

La vidéo débute par une scène où un travailleur social dans un bureau en ruine remet un pistolet en plastique au personnage dont il est question. Ce dernier rencontre ensuite un squatter qui va l’initier à un rituel hallucinogène parodié. Une scène « érotisante »présente la chair symbolisée par le fruit (la fraise).

Les tenues vestimentaires sont relatives à l’humeur de ce personnage qui ne cesse tout au long de la vidéo de mourir pour renaître à d’autres lui-même…

Présenter ou communiquer des sensations est la motivation initiale de « Tendres Semblables ». Que ce soit avec un certain fouillis, par excès d’un naturalisme délibérément cru, afin encore de ne pas dissimuler les maladresses de certains actes, tout ceci répond donc d’une part à une volonté sans prétention de la part des artistes et d’autre part au souci de restituer des faits et gestes sans calcul préalable.

L’essentiel était d’aborder la question de l’identité d’une manière délirante mais sans décliner pour autant la profondeur du malaise et du vertige qui siègent chez tout individu décalé par rapports aux repères sociaux et donc aux normes.

Quoi de plus normal que pour ce personnage le seul contact possible soit réalisé en ce monde des squats d’artistes qui ont fleuri à la fin du siècle dernier en nos villes où la communication authentique est reléguée aux oubliettes au profit du business ou du métro boulot dodo?

Entre l’hallucination, le rire ou l’angoisse, « tendres semblables »nous montre combien nos convictions et nos visions des choses sont illusoires et combien encore toute chose est éphémère, laissant ainsi suspendus au-dessus de nos existences l’errance et le vide telle une épée de Damoclès menaçant notre immuable fragilité en notre rapport avec l’univers.

REMY DUMONT